Café des artistes

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Eloge du chat

LE CHAT ET LA LUNE par William Butler YEATS

Le chat s'en allait ça et là,

La lune tournait comme une toupie,

Le plus proche parent de la lune,

Le chat rampant, leva les yeux.

Minnaloushe rampe dans l'herbe
De flaque de lune en flaque de lune,
Et là-haut la lune sacrée
Commence une phase nouvelle.

Minnaloushe a-t-il conscience
Que ses prunelles changent sans cesse,
Qu'elles vont du cercle au croissant,
Pour aller du croissant au cercle ?


Minnaloushe rampe dans l'herbe,
Solitaire, sage, important,
Levant vers la lune changeante
Ses yeux changeants.

Image du Blog petitemimine.centerblog.net
Charles Baudelaire (1821-1867)

C’est l’esprit du lieu, il juge, il préside, il inspire. Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, amis de la science et de la volupté. Les nobles attitudes des grands sphinx allongés au fond des solitudes. Viens mon beau chat sur mon cœur amoureux, retiens les griffes de ta patte. Chat séraphique, chat étrange, en qui tout est comme un ange. Les chinois voient l'heure dans l'oeil des chats.

Image du Blog nbcatpersan.centerblog.net

LE PETIT CHAT

par Edmond ROSTAND (1868-1918)

 

C'est un petit chat noir effronté comme un page,

Je le laisse jouer sur ma table souvent.

Quelquefois il s'assied sans faire de tapage,

On dirait un joli presse-papier vivant.

Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;

Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,

A ces minets tirant leur langue de drap rouge,

Qu'on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.

Quand il s'amuse, il est extrêmement comique,

Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.

Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique

Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d'abord de son nez délicat il le flaire,

La frôle, puis, à coups de langue très petits,

Il le happe ; et dès lors il est à son affaire

Et l'on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,

Et ne relève enfin son joli museau plat

Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rose

Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors il se pourlèche un moment les moustaches,

Avec l'air étonné d'avoir déjà fini. 

Et comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,

Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;

Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,

Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,

Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.

(Recueil : Les musardises)

LE CHAT ET L'OISEAU - Jacques Prévert

Un village écoute désolé
Le chant d'un oiseau blessé
C'est le seul oiseau du village
Et c'est le seul chat du village
Qui l'a à moitié dévoré
Et l'oiseau cesse de chanter
Le chat cesse de ronronner
Et de se lécher le museau
Et le village fait à l'oiseau
De merveilleuses funérailles
Et le chat qui est invité
Marche derrière le petit cercueil de paille
Où l'oiseau mort est allongé
Porté par une petite fille
Qui n'arrête pas de pleurer
Si j'avais su que cela te fasse tant de peine
Lui dit le chat
Je l'aurais mangé tout entier
Et puis je t'aurais raconté
Que je l'avais vu s'envoler
S'envoler jusqu'au bout du monde
Là-bas c'est tellement loin
Que jamais on n'en revient
Tu aurais eu moins de chagrin
Simplement de la tristesse et des regrets

Il ne faut jamais faire les choses à moitié

Colette - Extrait de "Douze dialogues de bêtes" :

"On dirait que je dors, parce que mes yeux s'effilent jusqu'à sembler le prolongement du trait velouté, coup de crayon hardi, maquillage horizontal et bizarre, qui unit mes paupières à mes oreilles. Je veille pourtant. Mais c'est une veille de fakir, une ankylose bienheureuse d'où je perçois tout bruit et devine toute présence..."



12/02/2015
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